La finance catholique : quels en sont les inspirations et les principes ?

L’agence de notation Standard and Poor’s a lancé, le 19 août [2015], un produit intitulé « S&P 500 Catholic Values Index ». Cet événement a parfois été perçu comme marquant la naissance d’une « finance catholique ».

Qu’entend-on par « finance catholique » ?
En l’absence de texte officiel, il convient de se référer aux travaux de la doctrine. Le texte le plus récent et le plus abouti est la Charte fondamentale de la finance éthique chrétienne. Elle a été publiée le 15 août 2015, à Paris, par l’Observatoire de la finance chrétienne (OFCCFO) et rédigée par des laïcs financiers, juristes et universitaires européens. Cette charte, disponible en plusieurs langues, se veut être une synthèse des pratiques et principes financiers chrétiens recensés à travers le monde. Elle est aussi une tentative laïque de normalisation internationale dans un contexte où l’Église soutient la moralisation de l’économie.

Selon son article 1er, « doivent être identifiés comme faisant partie du domaine de la finance éthique chrétienne, l’ensemble des acteurs, activités, produits, comportements, concepts et organisations, relevant du secteur bancaire, financier ou assurantiel, respectueux des principes fondamentaux ». Or une analyse sommaire de ces « principes fondamentaux » prouve, tout d’abord, que la finance chrétienne est une finance éthique qui cumule, à la fois, les critères de la finance durable (« finance ISR ») et ceux de la finance solidaire. En outre, elle ajoute d’autres critères éthiques spécifiques à la religion chrétienne.

La « finance catholique », pour sa part, est un sous-genre de la finance chrétienne au même titre que la « finance protestante » ou l’éventuelle « finance orthodoxe ». Elle se caractérise par des critères éthiques alignés sur la doctrine sociale de l’Église catholique romaine (la « DSE »).

Quels sont les principes de la finance éthique chrétienne ?

La finance chrétienne reprend les principaux objectifs de la finance ISR : long-termisme ; protection de la biodiversité ; défense des libertés fondamentales ; bonne gouvernance. Elle se confond souvent avec la finance solidaire et reconnaît comme vertueux le partage des revenus de l’épargne avec une association ou fondation, et l’investissement dans des entreprises solidaires, notamment pour aider les personnes fragiles, ce qui inclut la protection de l’enfance, la réinsertion des personnes en difficulté, l’aide à l’éducation, la lutte contre l’illettrisme, l’aide aux plus démunis, et l’aide aux personnes souffrant d’un handicap mental ou physique. En sus, et c’est sa principale spécificité, la finance chrétienne applique des critères éthiques religieux. Ses principes fondateurs en réfèrent, on s’en doutait, aux textes bibliques et à la doctrine de l’Église, comme par exemple, les vertus de charité, force, prudence et tempérance. La finance éthique chrétienne, telle que décrite par la Charte, revendique également une part œcuménique et inter-confessionnelle. Elle se veut fondamentalement inclusive, et elle repose sur le libre arbitre.
Par ailleurs, à un niveau plus pratique, la Charte distingue entre des objectifs positifs (vertueux) et des objectifs négatifs (non vertueux). Sont présumés être positifs, par exemple : la protection de la vie ; le développement « de tout homme et de tout l’homme ». À l’inverse, sont présumés être négatifs, par exemple, les investissements favorisant la marchandisation de l’être humain ; la promotion de l’infidélité ; les manipulations génétiques sur le corps humain à d’autres fins que thérapeutiques.
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