FRANCE - Newsletter Finance et Ethique n°9 : Les mécanismes pervers des dettes privées

Le groupe Finance et Ethique de Justice & Paix - France a publié une nouvelle infolettre sur le thème « Les mécanismes pervers des dettes privées« .

Selon l’approche de Justice et Paix :

« Tout emprunt doit être remboursé ; ceci est un des principes de la justice, mais lorsque l’endettement conduit à des situations non respectueuses de la dignité de la personne humaine, Justice et Paix ne peut que dénoncer ces réalités. L’endettement est autant source de pauvreté que le résultat de celle-ci. Il faut alors négocier et trouver des solutions de rééchelonnement ou de réduction de la dette par des moyens légaux, car l’obligation d’honorer une dette ne peut pas être systématiquement outrepassée : une dette doit être remboursée. Il en va de la justice commutative comme l’affirme le catéchisme de l’Eglise catholique aux points 2407 et 24112 . L’Eglise ne peut cependant pas accepter que l’endettement conduise à l’assujettissement d’un être humain, à l’esclavage, à la destruction des familles, à l’exclusion dans la misère. Jésus appelle à aimer les plus petits, les plus fragiles ; il délie les humains de toutes les chaines et la dette est bien souvent une chaîne qui condamne les plus pauvres sur plusieurs générations. L’Eglise se préoccupe donc de libérer ceux qui sont écrasés pour leur rendre leur dignité de fils et filles de Dieu. La Bible connait ces situations d’endettement et elle appelle à des attitudes de compassion. Le Jubilé est le temps par excellence d’annulation des dettes (Lev 25) et de libération des esclaves. Le livre de l’Exode (ch 22,25) limite le prêt à gages. L’Evangile présente le prêt comme une manière d’aider les plus pauvres : « A qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos » (Mt 5, 42) Jésus n’hésite cependant pas à raconter des paraboles où le Maître (Dieu) remet des dettes (Mt 18 ; Lc 16), mais il appelle aussi à payer ce qui est dû. Si Saint Paul affirme qu’il ne faut avoir de dette que celles de l’amour (Rm 13,8), il veut par-là signifier que nos relations ne doivent pas se restreindre à des rapports selon la logique économique.

Le taux d’intérêt imposé aux emprunteurs est, lui aussi, l’objet des préoccupations de la Doctrine sociale de l’Eglise, à la suite des débats théologiques sur l’illégitimité du taux d’intérêt pris par le créancier (cf. fiche Finances & Ethique n°1 : Argent). La conception moderne concerne l’interdiction d’un taux usuraire entendu comme taux trop élevé. L’interdit du taux d’intérêt (Vix Pervenit, n’a pas été formellement annulé) visait à protéger le pauvre qui devait emprunter pour survivre. L’endettement des entreprises ou de certains particuliers à des fins spéculatives pose d’autres problèmes comme la question de l’éthique de l’investisseur. L’Etat doit aider des entrepreneurs à prendre des risques et faciliter leur recours au crédit, mais pas à spéculer. L’Etat a des obligations pour faciliter l’accès au crédit pour des opérations qui servent l’économie nationale ; il doit soutenir l’investissement en particulier dans des zones défavorisées. Le crédit et l’endettement (quand il est supportable) ne doivent pas être diabolisés : ils sont nécessaires à la dynamique économique. Justice et Paix invite aussi à ne pas tomber dans le piège de l’endettement à cause de la fascination de la société de consommation. Face aux sollicitations des publicités, il est fréquent que les plus faibles succombent et s’endettent pour acheter des biens non essentiels. Une consommation responsable et critique participe à une société plus juste. La dette ne désigne-t-elle pas le péché en araméen et ne demandons-nous pas dans le Notre Père que nos dettes nous soient remises comme nous- mêmes nous les remettons à ceux qui nous doivent ? (Lc 11 ; Mt 6) ».

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