C’était entendu : une fois passés les commentaires économiques sur la dette et le secteur immobilier, l’élément explicatif de la crise se résumait à des considérations comportementales sur les acteurs, ce qui appelait à une refondation déontologique de la finance. Dans la plupart des cas, on a parlé et on parle encore de l’avidité ou de la cupidité des financiers, assimilés à d’horribles requins qui sucent le sang de l’économie et qui seraient évidemment incapables par nature de refréner leur insatiable appât du gain. Ajoutez à cela une innovation financière débridée, une complexité mathématique incontrôlée, la puissance des lobbys financiers ou bancaires, et vous avez tous les ingrédients qui ont précipité le système financier dans la chute cathartique que l’on a connue.
Un constat qui avait inspiré au candidat François Hollande sa désormais fameuse tirade : « mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance » car, « en 20 ans, la finance a pris le contrôle de nos vies et s’est affranchie de toute règle, de toute morale, de tout contrôle », avait-il lancé dans son discours du 22 janvier 2012 au Bourget. Depuis, on a retrouvé (et on trouve encore) cette antienne déclinée un peu partout avec des variantes diverses selon les lieux d’origine où elle est prononcée.
Cette chute à la fois financière et morale appelle donc à une refondation morale du capitalisme (ou de la finance) afin d’éviter que cela recommence à nouveau. C’est le domaine de l’éthique déontologique et des codes de bonne conduite, ou transformation de soi par des principes supposés « bons ». C’est le domaine de l’éthique de l’action et des valeurs. C’est le domaine des recommandations religieuses à l’origine de la finance chrétienne ou de la finance islamique, qui se présentent comme une « autre » finance face à la finance occidentale folle.